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Le Joueur d’échecs
Jean-Philippe Toussaint

A bord d’un paquebot en provenance de New York et à destination de Buenos Aires , le narrateur principal apprend que le champion du monde des échecs Czentovic se trouve à bord. Un curieux personnage , « oiseau rare », curieusement froid et distant, orgueilleux même , prodige certes mais doté d’une personnalité impassible dont les facultés intellectuelles ne sont pourtant pas très glorieuses..
Alors que le narrateur fait tout pour s’approcher de Czentovic et en apprendre plus sur lui, grâce à l’arrivée de Mc Connor riche ingénieur écossais, piètre joueur mais extrêmement susceptible et ne supportant pas « l’échec », cette approche se réalise grâce à une partie d’échec, les parties commencent toujours sans surprise pour qui sera le vainqueur . Puis tout bascule lorsque un inconnu que tout oppose au champion du monde arrive met « Pat » à Czentovic en précisant qu’il n’a pourtant pas joué depuis plus de 20 ans…
Racontée à la manière d’un conte, lorsque l’on connaît la biographie de Zweig on ne peut que s’émouvoir de cette pépite littéraire..
« Le joueur d’échecs« prend ici la forme d’une mise en abîme en huit clos par le biais de ce jeu, et nous devenons ainsi spectateurs au sein de ce paquebot, de ces parties tellement intenses jusqu’à virer à l’obsession , qui ont le pouvoir de faire sombrer dans la folie .
Ultime ouvrage quelques mois avant son suicide , Zweig parvient avec brio, sans fioritures à nous exposer toute la détresse (sa détresse) conséquente de la véritable torture psychologique infligée dans le contexte nazi à l’encontre des opprimés du régime à travers ce personnage central qui est M.B.
Un récit court mais bouleversant, lu d’une traite pour ma part et que je recommande vivement.
Sahel.

Né d’aucune femme
Franck Bouysse
Effroyable. C’est le premier mot qui me vient à l’esprit en refermant les 330 pages de ce bouquin.
Je pense que nous pouvons situer l’histoire au 19 ème siècle. Gabriel homme d’église doit venir bénir le corps d’une femme à l’asile. Cette femme s’appelle Rose. Sous son corps, 2 cahiers. Dans ces cahiers, l’histoire de Rose..
Il est ici question d’esclavage , puisque notre Rose aînée de 4 filles, issue d’une famille de paysans a été vendue par son père Onésime à l’âge de 14 ans et recueillie par une vieille femme et son fils pour y travailler en tant que domestique dans leur château.
Ce livre me fait d’ailleurs penser à « toutes blessent la dernière tue » de Giebel qui m’avait tant marqué… mais la profondeur et la complexité du récit ici le rend pour ma part encore plus prenant.
Je pense malgré tout qu’il aurait mérité quelques chapitres supplémentaires mais c’est vraiment la seule chose qui a manqué à ma lecture.
Un gros coup de coeur. Autant pour le style que pour l’histoire, même la couverture je la trouve splendide. Que d’émotions, quelle écriture ! Un roman extrêmement prenant, une histoire brutale qui vous transporte dans toute la noirceur de l’homme.
Je peux comprendre que le thème ne peut pas forcément plaire à tout le monde, c’est brutale, nauséabond même mais quelle claque !
On le lit comme un bon thriller puisqu’il n’est pas seulement question d’aborder le thème unique de l’esclavage et de toute la perversité de l’homme, Franck Bouysse nous mène ici dans une intrigue palpitante où il faut démêler le pourquoi du comment grâce à des indices souvent passés inaperçus mais qui prennent tout leur sens au dénouement.
Je suis restée scotchée du début à la fin à tout ce que Rose a pu endurer, à toute l’intensité de sa persévérance, son courage, sa détermination malgré l’insoutenable souffrance d’être née « Rose ». Une impressionnante soif de vivre.
Un immense coup de cœur tant dans la construction du récit que dans l’écriture de Franck Bouysse.

Le Dr Louis Crandell sa femme Rachel et leur deux jeunes enfants déménagent dans une grande bâtisse à Ludow.
Très vite, ils font la connaissance de leur voisin, un vieil homme nommé Jud Crandall qui leur fait visiter les environs et leur montre l’existence d’un cimetière pour animaux entretenu régulièrement depuis de très nombreuses années par les enfants des environs.
Et puis il y a l’arrivée de ce jeune étudiant de 20 ans, Victor Pascow, à l’infirmerie où le Dr Louis effectue son premier jour de travail, le crâne littéralement écrabouillé , arrivée qui annonce le début du cauchemar..
King nous dévoile ici une atmosphère assez singulière et dramatique qui ne manque pas de nous faire frissonner ..
Ce livre est séparé en 3 parties, j’ai été très surprise de la qualité de la narration à la première partie, subjuguée par l’émotion qui se dégageait de la seconde puis séduite par la troisième et dernière partie qui s’est enchaînée à un rythme effréné pour s’achever dans l’horreur.
On s’y attend mais on ignore de quelle manière le pire va se produire.
Simetierre est également rempli de parenthèses anecdotiques qui ont le don de capter notre attention pour nous mettre dans l’ambiance, j’ai eu un peu peur de m’ennuyer au début mais tout le contraire s’est produit ici .
J’ai adoré le style de Stéphane king en tout cas sur cet ancien bouquin (j’ai pu lire que ce sont les meilleurs), car il ne faut pas oublier qu’il est sorti en 1983 il y a plus de 40 ans ! C’est même un véritable coup de coeur, je ne m’attendais pas à ce que en dehors du style épouvante connu par le biais de ses adaptations cinématographiques, je prenne autant de plaisir à découvrir son récit.
La Stupeur d’abord, suivie de l’infinie tristesse qui font suite à la mort brutale d’un être cher y sont relatées de manière extrêmement touchante , il m’est très difficile de ne pas spoiler mais je n’ai vraiment pas été déçue par ce long passage qui marque au fer rouge toute la famille Crandell..
Je dirais même qu’il nous pousse à nous questionner sur nos propres choix en de pareilles circonstances.. si tant est qu’ils soient réalisables et sur ce point là, fort heureusement l’auteur nous plonge dans un univers ô combien étrange et fantastique..
Une très belle découverte pour ma part..

Ce livre est un coup de cœur qui détrône largement les 10 précédents ouvrages que j’ai pu lire d’elle.
Léonard, 16 ans, déficient intellectuel à la force colossale (largement inspiré du Leni de Steinbeck.. ) vit avec sa maman Mona qui malgré les souffrances qu’elle a pu endurer fait tout pour le protéger. Harcelé, violenté quotidiennement par ses camarades d’école, Léonard est omnibulé par l’issue de secours qui s’offrira peut être un jour à lui : aller en Écosse rejoindre son frère : à Glenn Afric.
« Mathieu » quant à lui est incarcéré depuis 16 ans pour un double meurtre et un viol mais a toujours clamé son innocence.
Et puis il y a Angélique qui vit sous les sévices de son oncle Maréchal..
Alors oui, comme dans Tous les livres de Karine Giebel, c’est sombre, on souffre mais qu’est ce que c’est émouvant ! Léonard est touchant, les paroles sont justes, on se dit qu’il y a forcément une justice quelque part, on s’attache, on s’identifie , on comprend, on espère..
Une écriture toujours aussi fluide et efficace, des mots bien choisis pour que l’on se mette en image ce personnage extraordinaire de Léonard qui transcende de bonté autant que de naïveté et de souffrance .
Une sorte de revisite des « souris et des hommes » où la différence est au cœur même de l’intrigue . Giebel aime comme toujours malmener ses personnages.. pas beaucoup de moments de répit pour ces deux frères pour qui la vie n’a jamais été tendre ..
Après ce 11 ème livre de Giebel, malgré le côté parfois assez répétitif je reste une inconditionnelle de cet auteur qui réussit à chaque fois à me tenir en haleine du début à la fin.

Le Meilleur des Mondes
Aldous Huxley
L’histoire se déroule à Londres en 2540 (selon le calendrier géorgien) .
On commence par la visite d’un étrange endroit par son directeur (directeur de l’incubation et du conditionnement !) à des étudiants.. un lieu de conception d’êtres humains bien issus de la fécondation entre un ovule et un spermatozoïde mais au sein d’un laboratoire. Processus qui produit un œuf et qui grâce à un procédé révolutionnaire va se diviser et produire jusqu’à 96 embryons en tout point semblables..(Le premier bébé éprouvette est né en 1978 ..)
La parentalité n’existe donc plus ni même la notion de foyer ou de famille. « Mère » ou « père » sont perçus comme des termes grossiers, pornographiques même, provoquant la gêne et l’hilarité de même que le mot « mariage », puisque « chacun appartient à tous les autres » il est hors de question de s’attacher à un seul être.
On y distingue 4 catégories d’êtres humains : les Alphas (autrement dit l’élite), les Bêtas et les castes inférieures : les Gammas et les Epsilons. Ils se distinguent les uns des autres par la couleur de leur tenue ainsi que par leur caractéristiques physiques et évidemment leur comportement.
Tous ces nouveaux êtres sont conditionnés dès leur création , par « Hypnopedie » (le fait d’apprendre pendant son sommeil , un stimuli incessant de textes répétitifs).
« Communauté, Identité, Stabilité » telle est la devise de ce nouveau monde où « Ford » en est le maître !
Un monde où L Histoire est une « blague » dont l’on se débarrasse à coup de plumeau, où les livres sont évidemment à proscrire …
Ici on suit donc l’histoire de Bernard Marx un Alpha mais qui est complexé par son apparence physique car malheureusement commune (et donc confondue) à la caste inférieure ce qui le rend solitaire ( la solitude n’étant pas bien vue au sein du nouveau monde ) et de son désir d’être »lui » et non seulement une partie du corps social.
Marx est accompagné de Lenina qui se rendront tous deux au nouveau Mexique pour y découvrir la « Réserve sauvage »… Là où y vivent encore des hommes nés d’un père et d’une mère et qui ignorent tout de ce nouveau monde.
Là bas, ils y rencontrent John surnommé »le sauvage », un être assez particulier de par ses origines et tiraillé entre ces deux civilisations …
Dans ce gros formatage du monde où quelque part les personnages principaux sont des sortes de « déviants » qui auraient quelques peu échappés au système conformiste (ils pensent par eux même 🙏)et qui de part ce fait restent en marge de la société, Huxley nous emmène alors à confronter ces deux visions de la civilisation..
Nous y croisons des clins d’œil historiques en commençant par « Ford », ici donc LE modèle de ce nouveau monde considéré comme un Demi dieu (on ne dit plus »oh mon dieu »mais »oh Ford!). Je ne sais pas si il fait référence à l’initiateur du travail à la chaîne dans les années 20 mais on dirait bien vu que le point de départ du roman consiste en la visite de cette usine bébés..
J’y note un clin d’œil de l’époque également dans les prénoms des personnages principaux Marx, Benito, Lenina ..
Nous ne faisons plus face à des « ministères de la vérité » mais à des « bureaux de la propagande » et des « ingénieurs en émotions ».
Huxley comme Orwell était un sacré visionnaire.. les progrès technologiques auxquels il fait allusion, l’appauvrissement de la culture ainsi que l’endormissement de tout un peuple en témoigne largement. .
Une dictature parfaite aux apparences de démocratie grâce notamment à l’utilisation du « Soma », cette drogue ingurgitée chaque jour grâce à laquelle les hommes peuvent s’évader et accéder au bonheur sans rien n’avoir besoin de revendiquer. Une sorte d’anxiolytique qui participe activement à l’endormissement de tout un peuple.
Bien que j’avoue avoir éprouvé certaines difficultés à cause de ce style particulier d’écriture( je n’ai pas non plus franchement accroché à l’intrigue en elle même), ce livre est clairement enrichissant je ne regrette pas de l’avoir lu .
Il est l’un de ceux qui ouvrent une nouvelle porte de réflexion..Plus on avance dans la lecture, plus on sent que l’homme du nouveau monde n’a plus rien d’humain, de par son « conditionnement « (terme maintes fois répété par Huxley)il a perdu tout ce qui fait de lui un Homme dépourvu d’instinct , de sentiments, de réflexion , d’avenir , de liberté et d’espoir, un constat qui fait froid dans le dos lorsque l’on s’aperçoit que finalement Huxley n’est pas si éloigné de notre réalité et de ce qu’elle tend à devenir.. je recommande vivement cette lecture !

Là où chantent les écrevisses
Delia Owens
« La nature l’avait nourrie, instruite et protégée quand personne n’était là pour le faire «
Nous sommes en Caroline du Nord, 1952 en pleine ségrégation raciale, c’est l’histoire d’une petite fille nommée Kya qui vit recluse avec sa famille dans une petite cabane dans les marais. Un père alcoolique et violent, ses frères et sœurs quittent uns à uns le nid ainsi que sa mère alors qu’elle n’a que 6 ans au début du récit. Elle se retrouve seule avec son père jusqu’à ce qu’un beau jour lui aussi s’éloigne.
Kia , la pauvre « sauvageonne » illettrée est rejetée de toute part .
Et puis elle rencontre Tate..ce jeune garçon si doux qui lui apprend la lecture, la poésie mais qui finit par l’abandonner à son tour… une autre rencontre dont elle ne se méfiera pas bouleversera sa vie à tout jamais..
De l’autre côté du marais, le corps d’un jeune homme est retrouvé des années plus tard puisque nous sommes en 1969..et ça ne fait aucun doute il ne s’agit pas d’un simple accident.
Plongée très rapidement dans la poésie de Délia Owens et dans toute la beauté de la faune et la flore de cet ouvrage, on s’attache très rapidement à ce petit bout de femme qu’est Kya qui grandit timidement seule et dépendante puis mûri en s’affirmant avec les valeurs et la fragilité qui sont les siennes. Alors que la solitude la transperce de toute part, on communique avec elle à travers les merveilles que lui offre les incroyables trésors des marais.
Ce livre est avant tout un roman policier mêlée d’une histoire d’amour grandiose et extrêmement touchante. le titre en lui même est sublime !
Beaucoup de sujets de société y sont abordés, l’écriture de Délia Owens est belle et poétique , elle nous offre là un sublime décors et met nos sentiments à rude épreuve.. c’est ce genre de livre qui me plaît de découvrir, dont une fois le chapitre fermé pour quelques heures à peine, je me délecte d’imaginer ce qui pourrait bien advenir de ses personnages, la fascinante Kya ici, jusqu’à ce que je me replonge avec envie dans cette univers somptueux. Bref, vous l’aurez compris, c’est un immense coup de coeur pour ma part !
Je suis restée en apnée jusqu’au dernières lignes de ce roman que je recommande vivement !

Il faut qu’on parle de Kevin
Lionel Shriver
Bouleversant.
Totalement chamboulée par cette lecture , troublée par ce ressenti maternel qui fait face à l’une des pires situations qu’il puisse arriver. Ce livre est un véritable coup de poing dont je suis certaine d’en garder un souvenir marqué au fer rouge. Il est l’un des meilleurs que j’ai pu lire depuis des années.
« Il faut qu’on parle de Kevin » de Lionel Shriver.
Il s’agit d’un roman fictif mais qui fait ici allusion aux grandes tueries perpétrées dans des lycées américains .
Nous sommes aux Etats Unis. Eva correspond avec son ex mari Franklin. Nous suivons seulement les lettres de Eva. Nous sommes fin 2000 , presque deux années se sont écoulées depuis ce fameux JEUDI de 1999 , cette fameuse journée où leur fils Kevin 16 ans a tué 7 camarades de son lycée, un professeur et un employé de la cafétéria.
Par cette correspondance à sens unique, elle nous dévoile tout. de ses origines arménienne à la mort de son père à la guerre, de sa mère agoraphobe. de sa rencontre avec Franklin à son désir brutal de créer avec lui une descendance un soir de grande inquiétude alors que son mari ne donne pas signe de vie des heures durant, alors que rien ne l’a prédestinait à devenir mère à son tour . Eva, globe trotteur, femme libre et dévouée au grand amour de sa vie va prendre cette décision de créer une « copie de secours » : devenir mère. Elle donne cependant le ton, autant cette grossesse illumine la vie de Franklin, elle, la subit.
En 1984, elle a 37 ans, l’année de Georges Orwell comme elle le rappelle, Kevin n’ait , pour Éva il s’agit d’une « défaite ». Nous suivons alors l’itinéraire d’un meurtrier.
Je n’ai pas pu restée insensible à ce livre. Dès sa naissance, dès son plus jeune âge Kevin rejette sa mère et a des comportements troublants, tyranniques, inquiétants. Tout le long de l’ouvrage Eva se pose la question de savoir si elle a sa part de responsabilité dans ce tragique JEUDI de 1999. Par de multiples anecdotes souvent révélatrices du déséquilibre profond de Kevin, de sa colère naissante dès le berceau, de sa rivalité fraternelle avec sa petite soeur Célia, Eva nous livre un témoignage poignant, glaçant même sur le monstre qu’elle a engendré.
Amis lecteurs accrochez vous, ce livre est d’une violence inouïe. Violent d’abord parce qu’on a tendance à toujours se dire qu un enfant est le signe même de l’innocence. Ce qui n’est pas le cas ici. Violent surtout parce qu’il est tabou de lire qu une mère peut aller jusqu’à haïr ce qu’elle a engendré. C’est une violence crechendo qui nous va nous mener jusqu’au pire.
Je referme ces quelques 485 pages et m’empresse de visualiser son adaptation cinématographique « WE need to talk about Kevin »..

Waou ! Il n’y a que Stéphane king pour pondre un truc pareil.. !
Une atmosphère terriblement angoissante . le titre spoil déjà l’univers du bouquin , c’est violent. J’ai été tenue en haleine tout le long de cette terrible marche en me demandant sans cesse pour quelles raisons ces cents gamins ont-ils accepté ce défi de leur plein gré.. l’appât du gain , quel qu’il soit ne pouvant suffire à se lancer volontairement dans cette marche morbide.
Au fur et à mesure de l’ouvrage on fait doucement connaissance avec les principaux concurrents et nous y découvrons toutes les facettes de leurs personnalités. On souffre avec eux, on s’émeut, on reste bouche bée face à la foule déconcertante qui suit avec passion cette marche macabre.
Dans ce huit clos terrible on s’identifie à Garraty, à McVries, Baker , Barkovitch et tous les autres. On ressent tout; la fatigue, l’épuisement, le soulagement , la haine, la douleur autant physique que mental, parce qu’il y a la terrible douleur de savoir si on va quand même poursuivre en sachant pertinemment que nos camarades ne seront plus parce qu’on a eu le temps de tisser des liens fraternels avant le ticket final.
Bref, ce livre est surprenant et nous sort largement de notre zone de confort pour entrer dans l’univers sans foi ni loi de l’humanité dans toute ces facettes les plus sombres. Une sorte d’allégorie d’une société ici totalitaire et écrasante .
Un coup de coeur pour ma part !

Les raisins de la colère
John Steinbeck
Je suis rarement émue par un bouquin mais Steinbeck frappe très fort ici..
Nous sommes au début des années 30 en pleine dépression dans l’Oklahoma. Tom Johad fils d’une famille de métayers, sort , libéré de 4 années de détention pour homicide et va pour rejoindre sa famille qu’il n’a pas revue depuis sa détention.
Sur sa route il croise l’ancien pasteur et ami de la famille Casy et ils partagent des souvenirs d’enfance. Alors qu’il s’apprête à retrouver les siens, Tom s’aperçoit que sa famille n’a plus rien : une tempête de poussière a ravagé toute leur récolte, les propriétaires les ont chassé.
Il retrouve sa famille un peu plus loin, et apprend qu’elle a du tout vendre et s’apprête à fuir la ville pour un nouveau départ direction la Californie suivant les belles promesses de prospectus qui leur ont promis à tous du travail , de quoi se loger, de l’abondance bref, une nouvelle vie. Tous ensemble ils prennent alors la route 66 malgré l’interdiction de sortir du territoire pour Tom, en quête du rêve qu’on leur a promis.
Incontestablement le meilleur classique que j’ai pu découvrir depuis Germinal.
Je suis entrée dès les premières pages au sein de l’épopée bouleversante de la famille Joad , subjuguée par l’écriture de Steinbeck . Il nous donne la sensation de faire parti de cet exode et nous fait partager les liens familiaux de la famille Joad qui ne font que se renforcer au fil des pages.
Coup de coeur pour Man, la mère de famille , qui est le personnage central de ce livre. Combative, elle fera absolument tout pour donner la force et le courage aux siens de poursuivre leur route ensemble malgré les clivages, malgré la faim, le manque cruel de travail, malgré les souffrances, le rejet, le mépris, les humiliations, la culpabilité et le désespoir, elle se relèvera toujours . Un personnage extrêmement bien ficelé qui est le coeur de cette non résignation, de cette combativité extrême.
Un roman dense, bouleversant, intemporel qui de part le thème va au delà de la crise économique des années 30
Au delà même des faits historiques extrêmement bien retranscrits dans ce roman, une véritable allégorie universelle de tous ces exodes migratoires dans un parcours bien trop souvent semé d’embûches, de désastre humanitaire en quête d’une nouvelle terre plus prometteuse dans les rêves qu’à l’arrivée
Une lecture extrêmement prenante, très émouvante, enrichissante. Il y a tant à dire de ce livre… découvrez le n’hésitez pas une seconde.
Vous l’aurez compris, un immense coup de coeur pour ce véritable chef d’oeuvre de la littérature américaine… incontournable , je recommande vivement !

Un véritable coup de coeur littéraire pour ma part !
Je voulais lire un classique, j’avais un peu peur des descriptions dont je ne suis pas particulièrement friande lorsqu’elles traînent en longueur et qu’elles ne nous apportent forcément grand chose .. mais ce sont entre autres ces descriptions même dans l’histoire qui m’ont captivées , on lit et on sent en même temps. En l’occurrence c’est un peu dérangeant même ici ! Mais pourtant tellement captivant !
Je l’ai dévoré comme un bon thriller..
L’histoire est celle de « Grenouille » que sa mère tente de tuer dès sa naissance .. Grenouille qui possède un odorat exceptionnel et qui grandit dans un climat de puanteur repoussante ..qui évolue au fil des pages et au gré de ses voyages et expériences dans un univers bien particulier où les odeurs sont reines jusqu’à un but ultime..
A découvrir absolument pour ceux qui ne l’ont pas encore fait…

Jusqu’à ce que la mort nous unisse
Karine Giebel
Julien est guide de montagne. Il enchaîne les conquêtes sans lendemain depuis que Laure, sa femme est partie avec un autre.. Servane elle est brigadier et nouvellement affectée à la sécurité des monts où elle tente d’y trouver sa place malgré un monde d’hommes..
Et puis il y a Pierre.. meilleur ami de Julien, autant connaisseur des montagnes que lui mais qui pourtant est retrouvé mort en plein milieu de celles ci. .
Un début que j’ai trouvé extrêmement lent, le temps que Giebel nous imprègne du décor et de la présentation des personnages ..puis ça s’accélère au premier tiers mais pour mieux ralentir par la suite..
Trop peu d’action et de rebondissements même s’il se lit assez facilement car il faut dire que je me suis laissée porter par l’envie de connaître le fin mot de l’histoire.. mais beaucoup trop de dialogues inutiles, énormément de répétitions.
C’est la première fois que je n’accroche pas vraiment à un livre de Giebel..en aurais-je fait le tour ou bien est-ce parce qu’il s’agit de l’un de ses tout premiers ?
L’intrigue en elle même est plutôt intéressante ceci dit, mais elle est malheureusement dissimulée sous le poids de toutes les mièvreries qui l’écrase. Comme une désagréable impression de regarder un de ces téléfilms français hyper mal joués.. et pour cause , les personnages sont assez prévisibles et caricaturaux ..(mention spéciale au personnage de Portal, le simple d’esprit à la force colossale..)
D’ailleurs c’est le seul Giebel qui a justement été adapté en téléfilm mais je vais passer mon tour ..
Point positif quand même : cette évasion au coeur du Mercantour dont je sais que Giebel s’est inspiré de sa propre passion pour la beauté des paysages montagnards, passion qui est plutôt bien retranscrite et m’a clairement donné envie…

Le cadavre d’une femme est retrouvé dans une église..nue, rasée, le crâne recouvert de.. papillons. L’index pointant vers l’un des nombreux indices que le tueur a décidé de dissimuler afin de donner à Sharko l’occasion de sortir la tête de l’ombre dans laquelle il s’est engouffré 6 années après son « train d’enfer pour ange rouge« ..
Seulement, cette première victime ne perçoit aucune marque de violence, aucune blessure apparente…du moins à l’extérieur..
Et puis il y a cette fillette. Chemise de nuit et bottines rouges, livre de « fantomette » à la main, qui s’immisce brusquement dans la vie et l’intimité de Sharko en lui révélant de troublantes confidences .. un lien avec l’enquête ?
On perçoit dans ce second opus de la série, tous les tourments de son personnage principal Sharko qui malgré tout ce qu’il endure, tente de résoudre cette énigme sordide..
Pour les passionnés d’entomologie, ce livre est fait pour vous, Thilliez encore une fois s’est sacrément bien documenté et c’est un plaisir !
Une histoire dans l’histoire qui fait grandir en nous le sentiment d’attachement que l’on peut ressentir pour le narrateur (il est encore écrit à la première personne), et pour le coup nettement moins « brouillon » que son précédent où les phrases ne sont plus alambiquées mais concises et efficaces pour nous tenir en haleine jusqu’au dénouement…et quel dénouement ! Les derniers chapitres s’enchaînent sur rythme effréné où tout s’éclaire et le puzzle semble enfin s’assembler ..
Beaucoup de rebondissements, de très belles réparties.. un plaisir ! 😉

Le premier jour du reste de ma vie
Après « Et nos souvenirs viendront danser » dont j’en t’irai un bilan plutôt mitigé, j’ai tenté « Le premier jour du reste de ma vie » de Grimaldi dont j’avais entendu beaucoup d’éloges.
C’est chose faite, je suis maintenant persuadée que je vais arrêter avec Grimaldi ! Ce n’est vraiment pas mon genre..
Je me suis littéralement ennuyée.. mais d’une force.. Tout est pleins de beaux sentiments, tout joyeux, tout cousu de fil blanc .. l’impression d’être chez AB production ou dans un film de Noël… Je suis certaine que j’aurais adoré il y a 20 ans (ou pas en fin de compte.. ) mais là, non c’est trop, mièvre et insipide.
Marie plaque son époux odieux du jour au lendemain, une rupture brutale qu’elle offre en guise de « cadeau » d’anniversaire pour faire une croisière en solitaire (en tout cas c’est vendu comme tel mais elle n’est jamais seule), envie de changer de vie..et elle y rencontre deux femmes Anne et Camille qui sont vraiment l’archétype de respectivement la pré retraitée déprimée et fauchée regrettant sa rupture avec l’amour de sa vie et une jeune nymphomane ancienne obèse qui en a beaucoup souffert dans le passé et qui aujourd’hui après une opération qui l’a rendu mince, décide de « se faire un mec à chaque escale » avant de tenter de se ré engager dans une histoire d’amour.
Et puis il y a cet « homme au cheveux gris », mystérieux.. vous voyez le genre ?
Mais pourquoi autant d’engouement ?
Alors certes c’est fluide, ça se lit d’une traite.. mais quand même.. c’est mauvais ! Je le lisais dans ma tête avec la même intonation que je prenais quand je faisais la lecture à mes enfants petits..
J’aime être hypnotisée par mes lectures, ne plus penser à ce qui m’entoure , imaginer d’autres dénouements… Ici pas de voyage, pas de profondeur, c’est plat, caricatural .
J’ai espéré pourtant tout le long de ma lecture y trouver de l’intensité, de inattendu, être surprise.. mais ce fut un échec.

Nous plongeons ici au coeur d’une critique sociale où religion et cupidité vont de pair et où le travail est le fruit de l’exploitation des Hommes. C’est pourtant l’Amour qui est au centre de l’ouvrage avec la passion amoureuse entre Colin, le personnage principal et Chloé.
La plume de Vian grâce à ses fantaisies littéraires surealistes ici nous surprend et nous ravit..
Si vous n’avez jamais vu de truites couler du flot du robinet de votre cuisine, de souris croisée chez vous par hasard qui vous fait la conversation comme ci de rien n’était, si vous n’avez jamais savouré les mets délicieux de Nicolas ou encore si vous ignorez l’existence du « pianocktail », vous sonnez à la bonne porte !
Au fur et à mesure que l’on plonge dans l’univers de Boris Vian, la maladie, le désarroi et la mort bouleversent l’environnement de départ… Un chamboulement physique, visible , palpable, qui nous fait comprendre à quel point l’homme est fragile dans sa condition d’homme et à quel point la superficialité des choses l’emporte sur la raison.
Plongée dans l’écriture singulière de Boris Vian, « L’écume des jours » fut un véritable coup de coeur littéraire pour ma part ! ❤
Je le situe dans le fameux top 3 des classiques à lire absolument .
J’ai été subjuguée par la profondeur du récit, les images, néologismes, jeux de mots et multiples métaphores employées. A vrai dire, il nécessite sans doute plusieurs relectures pour mieux s’imprégner de l’univers surréaliste de son auteur.
Ce roman est extrêmement riche et constitué d’une grande liberté de langage. Vraiment à découvrir, à lire et relire et à étudier.. 😉

Je me fais plaisir à alterner les classiques avec les polars et du coup je découvre (enfin !) .. ce livre étonnamment visionnaire…mais quelle claque ! Un classique donc, classé science fiction qui fait froid dans le dos mais dont je comprends aisément son succes.
Wilson, personnage principal vit en Océania alors que le monde est divisé en 3 grande Blocs.
La devise du parti politique en vigueur en dit long sur le thème de l’ouvrage :
« IGNORANCE EST PUISSANCE, GUERRE EST PAIX, LIBERTÉ EST SERVITUDE . »
Wilson est employé au ministère de la vérité, chargé d’effacer le passé pour réécrire le présent . Mais il n’adhère pas à ce parti totalitaire qu’il rejette en secret.
Son but : renverser le fameux « Big Brother » car oui il vient de là, Big Brother qui se charge de tout (mais absolument tout) contrôler . Pour ce faire, il doit adhérer à la »Fraternité » organisation d’opposition si tant est qu’elle existe et qu’il puisse y accèder..
Falsification du passé, surveillance millimétrée grâce à une technologie de pointe (encore une fois le livre date de 1949 ) peur de la délation de toute part, même de sa propre famille, appauvrissement de la langue (le « neoparler » sur ce point particulier d’ailleurs c’est assez percutant de s’apercevoir à quel point il a été visionnaire).. un totalitarisme « parfait », pur, poussé à l’extrême, jusque dans les moindres détails de son existence.
Une piste de réflexion pour la classe supérieure qui nous gouverne depuis des décennies ?..
J’ai vraiment apprécié découvrir cette oeuvre dystopique extrêmement enrichissante et qui plus de 75 ans après fait écho à notre quotidien sur de multiples points, une oeuvre que je ne suis pas prête d’oublier et qui a largement matière à réflexion .
Un roman violent, sombre, glaçant, incontournable et inoubliable et dont les quelques rebondissements en plus de l’approfondissement du thème principal réussi à nous tenir en haleine.
Donc pour ceux qui ne l’ont pas encore découvert car peut être rebuté par le genre.. à lire absolument !

Premier (et dernier) roman de Mélissa Da Costa.
Nous sommes sur les hauteurs de Nice, à Saint Paul de Vence,. Evie, jeune et belle femme vient de se faire quitter par son homme et n’a qu’une envie : souffler un bon coup tout en cherchant un nouveau travail.
Elle croise Pierre Manan, par hasard, qui lui en propose un et pas des moindres, être l’assistante, la « doublure » de sa femme Clara, artiste peintre pour la seconder dans toutes les démarches annexes à son travail. Un excellent salaire à la clef et logée chez le couple.
Arrivée sur place, elle découvre toute la noirceur qui émane des tableaux de Clara et plonge dans l’univers singulier du couple.
Ce bouquin m’a tout d’abord fait penser à « la femme de ménage » de Freida Madden avec Cette entrée dans l’intimité d’un couple.
Mais moi je n’ai pas accroché, je me suis ennuyée littéralement tout le long..ou presque puisque je reconnais que les 3 derniers chapitres de la troisième partie étaient assez haletants même si c’était couru d’avance.
Le même schéma se reproduit tout le long de l’ouvrage (attention spoilers) :
– long travail de Evie sur la peinture/Clara acharnée également sur ses propres toiles
-Préparation à la représentation par la doublure de Clara
– représentation des tableaux et conférences de presse
– soirée de sexe et drogue
Et ainsi de suite.. même schéma avec un peu+ de cocaïne, d’alcool et d’extasy..
Le personnage du boulanger Gaël ne sert strictement à rien.. que dire de celui de Lazlo..
Il y a plusieurs fois une ouverture sur les soirées clubs du couple où l’on se dit que forcément Da Costa va développer et nous surprendre là… mais rien et c’est extrêmement frustrant.
Ce livre m’a uniquement permis de découvrir certaines toiles dont j’ignorais l’existence (j’ai pu faire mes petites recherches Google pour les voir) et leurs interprétations qui en sont faites. de découvrir le romantisme noir.. mais absolument aucune accroche avec les personnages.
Une belle déception, je ne comprends pas les éloges qui en sont faites.

Dans le cadre de l’ opération Masse critique de Babelio , m’a été confié « Fille, 1983« , le 7 ème roman de Linn Ullmann, auteure Norvégienne édité par Christian Bourgois.
« Je me demande si écarter du visage une mèche de cheveux est une caresse. Ne serait-il pas trop vieux pour me vouloir de cette manière ? » le ton est donné.
Dans ce livre autobiographique, Linn Ullmann , nous évoque sa rencontre avec un homme qu’elle ne nommera jamais autrement que par « A ». Photographe pour le « Vogue » français. Une rencontre dans un ascenseur alors qu’elle mannequin , fille de parents célèbres, n’a que 16 ans et que « A » , de 30 ans son aîné, veut juste « y jeter un oeil « . de là, elle se retrouve à Paris contre l’avis de sa mère. Seule, désorientée, et propulsée dans un univers dont elle n’en sortira pas indemne .
J’ai tout d’abord été surprise par la structure de ce livre. Il a été écrit par fragmentations, des flashs, parfois non datés, suivis de retours au présent où l’auteur même devient une autre, une soeur, un être qu’elle croise souvent maintenant adulte , qui l’angoisse et qui l’étouffe…Un ouvrage qui m’a donc semblé très décousu même si je comprends cet intérêt de retranscrire la manière dont notre cerveau fonctionne quand il tente de se rappeler précisément un fait si ancien, mais qui malheureusement m’a souvent fait perdre le fil de ma lecture .
Néanmoins, au-delà de cette gène dans la forme, l’écriture de Linn Ullmann n’en demeure pas moins juste, dépourvue de tout jugement, écrit avec force et délicatesse . Une écriture -thérapie où il n’est en effet pas question de colère, ni de vengeance mais de besoin de relater uns à uns les faits pour comprendre pourquoi la Linn de 16 ans interfère brutalement dans la vie de l’adulte qu’elle est devenue 40 ans plus tard.
Alors que Linn Ullmann a pu douter de l’intérêt de raconter ce qu’elle a vécu, Il n’en demeure pas moins qu’elle a fait là un remarquable travail sur elle même et que cet ouvrage en plus d’être assimilé à un exutoire peut également donner l’envie à d’autres Linn de parler et de sortir de ce sentiment de honte qui n’a pas lieu d’être.
Car si c’est un hasard de circonstance qui l’a conduit cette nuit-là dans l’appartement de A, on peut tout de même se questionner sur les véritables intentions de ce photographe dès le départ.
« Fille, 1983 » est un livre qui nous ouvre les portes de la réflexion sur le processus qui peut conduire à ce genre de fait abject et destructeur car autant l’auteur ne se présente ici en aucun cas comme victime, autant tout le déroulé de son récit nous prouve bien le contraire.
Et puisque la parole des victimes n’existe que parce qu’elles sont écoutées, « fille, 1983 » est un livre que je recommande.

Alerte coup de coeur ❤ 😉
Superbe découverte avec « Hurlements » de Alexis Laipsker !
Ça faisait quelques temps que je n’avais pas été tenue ainsi en haleine par un polar ! C’est du lourd.
Venturi dit « le cowboy » est le flic le plus connu de France, il travaille avec Olivia Montalvert, dit « menthe à l’eau » criminologue, un duo de choc !
Cette dernière est la 6 ème victime d’un psychopathe qui en a enlevé 5 autres qu’il fera « souffrir. Lentement. Avec une savante cruauté »
De l’autre côté il y a ce lieutenant »Julien Dastray » , flic solitaire qui retrouve une femme atrocement mutilée mais toujours en vie sur la scène d’un théâtre abandonné.
Que dire si ce n’est… whaou ! Je reste sans voix face à ce « Hurlements » . Un véritable page Turner, chapitres courts et bien construits, intrigue haletante, pas de temps morts, des dialogues percutants, un humour piquant, des descriptions qui font froid dans le dos. Une intrigue extrêmement bien menée dès les premières pages, jusqu’au dénouement que je n’ai absolument pas vu venir !
Je n’ai qu’un seul regret, comme pour Thilliez je ne savais pas qu’il y avait un ordre de lecture chez Laipsker et je n’ai pas eu toutes les références.
En tout cas celui ci, je le recommande à 200 % !

Train d’enfer pour Ange rouge
Franck Thilliez
« Train d’enfer pour ange rouge » nous plonge dans une enquête sordide. La découverte d’un cadavre atrocement mutilé dans une mise en scène « artistique » et en plein coeur du monde SM et toutes ces dérives.. avec en prime un soupçon d’ irrationnel mais attention ..c’est du très gore !!
Le fait qu’il soit écrit à la première personne nous aide à nous approprier ce personnage principal, on vit avec lui ses doutes, ses questionnements, ses angoisses et ce personnage central est particulièrement bien travaillé !
Malgré le fait qu’il soit extrêmement détaillé et que de part ce fait j’y ai perçu quelques longueurs dans le récit , surtout au début à cause de phrases alambiquées et des chapitres assez longs (j’ai failli arrêter au second chapitre !) on s’y prend finalement quand même, subjugué par l’enquête de Sharko.
Je me suis surprise à tourner les pages sans me rendre compte à quelle vitesse elles défilaient, on y retrouve l’empreinte Thilliez et son style extrêmement riche, passionné et bien documenté.
Disons que l’on se rend bien compte que c’est son premier et qu’il y a une belle évolution par la suite pour nous tenir davantage en haleine .
Mais j’ai quand même beaucoup aimé ce premier opus qui me permettra de mieux comprendre ceux qui suivront et dont je suis certaine qu’ils ne me deçeveront pas 😉 ❤

&#xNaN »Souvent, elle s’était demandé à quoi ils ressemblaient, ces gens qui écrivaient des histoires aussi torturées. Menaient ils une vie normale ? Avaient ils eu des enfances perturbées pour accoucher de telles horreurs ? Leurs oeuvres n’étaient elles que la manifestation de leurs pensées les plus sombres » &#xNaN
.
Cette citation, je la tire de ma dernière lecture « Labyrinthes » de Thilliez, le dernier de sa trilogie.
Et bien je peux vous dire qu’elle lui correspond en tout point ! Ce sont ces mêmes questionnements que l’on peut se poser sur Thilliez en parcourant son oeuvre.. mais où donc va t’il chercher tout ça ?
Un livre dont le titre correspond tout à fait à ce que l’on ressent , plongé dans notre lecture.
Un énorme coup de coeur pour ce dernier opus qui m’a littéralement embarquée (carnet de notes en main puisqu’il faut s’accrocher 😉 !) le temps de quelques jours….
Autant j’avais bien apprécié les deux premiers (« le manuscrit inachevé » suivi de « il était deux fois« ), pour moi c’était terminé, les zones d’ombres pouvaient rester telles quelles et pourtant…
Un véritable coup de génie pour ce maître du Thriller psychologique, angoissant à souhait.
C’est l’histoire de 4 protagonistes, la psy, la journaliste, la kidnappée et la romancière dont nous suivons le parcours déroutant. Il serait difficile d’en dire davantage sans spoiler..
Il faut bien sûr découvrir ses deux autres avant d’embarquer dans ce dédale époustouflant et beaucoup mieux cerner toutes les ficelles de ce jeu de piste sordide mais je les recommande à 200 % pour les amateurs du genre.
Le style est prenant, haletant, des chapitres courts mais truffés d’ indices, d’énigmes et de révélations. Pas mal de références artistiques et littéraires , beaucoup de recherches et de soin accordé cette intrigue déroutante notamment sur les complexités de la mémoire…
Je suis restée scotchée du début à la fin par ce troisième opus.
Thilliez boucle son oeuvre avec talent ❤😉

Je sais que ce livre est inspiré d’une histoire vraie et j’ai également lu qu’un film existait, mais pour être honnête je n’ai pas du tout accroché au livre en lui-même que j’ai vraiment trouvé très.. »gnangnan ».. pour moi le style d’écriture est juste mauvais, trop simplifié, une vraie caricature on n’y croit pas une seconde, tout se passe beaucoup trop vite , les personnages semblent niais..c’est clairement bâclé…et c’est d’ailleurs bien dommage parce que le concept est pas mal..il apporte vraiment quelque chose d’intéressant dans la compréhension des mécanismes de l’endoctrinement.
Heureusement ce livre il est assez court, j’hésite tout de même à visualiser le film qui semble beaucoup plus réaliste…

Le manuscrit inachevé
Franck Thilliez
Je poursuis l’aventure découverte de Thilliez, après « l’anneau de Mobeius » que j’avais adoré, je viens d’achever le premier tome de sa trilogie « le manuscrit inachevé« .
L’histoire tourne autour de la disparition d’une jeune femme « Sarah » au cours de son jogging, fille de « Léane » célèbre écrivaine, auteur de thrillers dont le fameux « manuscrit inachevé » qu’elle vient de publier. Ce livre est en fait l’oeuvre d’un autre célèbre écrivain « Caleb Traskman » qui nachevera pas son oeuvre puisqu’il va mourir, c’est son fils qui se chargera d’en rédiger la fin. Une mise en abîme qui peut embrouiller un peu la lectrice que je suis..
Léane est mariée à Jullian, le père de Sarah (amnésique suite à une agression 4 ans après la disparition de sa fille) .
On suit d’un côté les parents de Sarah qui donc 4 ans après la disparition de leur fille unique sont toujours en quête de la vérité puisque aucun corps n’a été retrouvé, de l’autre celle de Vic policier , qui évolue dans l’enquête avec sa propre histoire personnelle.
Vic, le policier donc, souffre d’hypermnésie (merci pour la découverte, décidément visiblement jouer avec la mémoire est un régal pour Thilliez ! 😉 ) et enquête sur la découverte d’un corps dans le coffre d’une voiture accidentée suite à un braquage.
Comme dans l’anneau de Mobeius les deux trames finissent par se rejoindre.
J’ai avancé en tentant d’assembler les pièces de ce puzzle fou et c’est le cas de le dire, un vrai Cluedo cette histoire, Thilliez joue avec nous… C’est tordu, très tordu même, mais prenant, une histoire dans l’histoire..on y retrouve certaines références littéraires (Misery de Stéphanie King en passant par Conan Doyle et Agatha Christie.), et artistiques. Plusieurs intrigues sont imbriquées les unes aux autres…
Malgré les divers personnages qui parfois ont plusieurs identités on s’y retrouve aisément grâce au fait que sans lourdeur Thilliez sait avec habileté nous rappeler qui est qui .
Je me suis d’avantage prise d’empathie pour le personnage de Vic qu’à la mère de Sarah qui pourtant vit tout bonnement un enfer depuis le début. J’ai adoré la complexité de ce personnage.
J’ai apprécié les chapitres courts qui font grimper le suspens..Une second oeuvre que j’ai trouvé vraiment captivante grâce aux multiples rebondissements.
Toutefois ..mon bilan n’est pas si positif que je l’espérais… Il y a dans ce livre multitudes de pistes que pour le coup j’ai trouvé juste inutiles puisque non exploitées au final ( dont l’utilité de la mise en abîme d’ailleurs), et je ne veux absolument pas spoiler mais un subterfuge d’écriture final qui même si je ne l’ai pas vu venir, m’a plutôt déçue.. mais à l’origine ce manuscrit inachevé n’a pas été achevé par son auteur justement (cf la préface )et que c’est justement pour cette raison que cette pirouette finale peut laisser à désirer..
Peut être que « il était deux fois » répondra aux multiples interrogations que je me suis posée, peut être que je n’ai finalement pas tout cerné dans la répartition et l’intérêt des nombreux indices, je ne sais pas… mais une chose est sûre, je ne ressors tout de même pas indemne de cette lecture et poursuivrai avec plaisir . Bien que je m’attendais à quelque chose de plus tortueux (toujours au niveau du final) , j aime le style, la fluidité, la psychologie des personnages le rythme effréné qui fait qu’à chaque fin de chapitre on a envie de tourner la page.. 😉

Léonie Rock qui a grandi et passé une grande partie de sa jeunesse dans les territoires du grand nord canadien est partie brusquement laissant derrière elle un drame personnel qui lui cause depuis une douleur incommensurable, puis elle est devenue flic . Elle doit enquêter sur la mort terrifiante d’une jeune femme dans le territoire hostile de Norferville, la ville de son enfance.
Et puis il y a Teddy, criminologue et détective à Lyon, au passé sombre et douloureux, qui apprend brutalement l’assassinat de sa fille unique.. à Norferville.
Prenant dès les premières pages . Je confirme cependant les quelques critiques que j’ai pu lire à son sujet, il traine malheureusement un peu en longueur, c’est peut être fait exprès ceci dit car Norferville nous semble bien une ville figée dans le temps avec toutes les douleurs qu’elle inflige de part son histoire et sa violence climatique, MAIS c’est une belle découverte tout de même pour tout ce dont il apporte en terme de connaissance au sujet de ce peuple d’Amérindiens, de leurs modes de vie et évidemment de ce que ces femmes ont enduré. Car autant Norferville est purement fictive, autant certaines révélations contenues dans ce bouquin sont des faits avérés (cf. Notes de l’auteur)
Ce livre est effectivement différent des autres que j’ai pu lire de Thilliez , aucun regret de l’avoir découvert…
Comme à son habitude, Thilliez est extrêmement bien documenté et ce roman reste malgré la cruauté du sujet, un livre extrêmement bien écrit.
J’ai beaucoup apprécié ce duo Léonie & Teddy et je regrette un peu que Thilliez n’ai pas davantage creusé l’histoire de ce dernier.. peut être dans son prochain opus qui sait..
Je recommande 😉

Encore une pépite de Giebel..c est le 8 ème livre que je découvre d’elle et malgré ce style identique , ses themes pourtant souvent répétitifs je ne m’en lasse pas, je ne décroche pas, je ne m’ennuie pas.. je passe un moment à oublier ce qui m’entoure, hypnotisée par sa plume, j’ai le véritable plaisir de la lecture.
Je n’ai pas encore lu « Glenn Afric », connu pour être son plus apprécié et pourtant je l’ai depuis longtemps, mais il a tellement fait parler de lui dans les coups de coeur que j’appréhende juste de le finir et de ne plus rien trouver de mieux à lire chez Giebel..
Ici, c’est l’histoire d’une jeune fille, Maud, fille d’un richissime et renommé Chirurgien, qui au cours d’un jogging se fait agresser par un homme qui tente de la violer. In extremis elle se fait sauver par « Luc » qui deviendra son garde du corps par la suite.
Un huit clos très prenant entre le chirurgien, le garde du corps, la domestique, la Belle mère, le jardinier et la jeune fille, où l’on se demande à chaque chapitre quels sont les secrets si douloureux enfouis au plus profond de chaque protagonistes. On va de surprises en surprises..
Giebel est décidément mon auteur coup de coeur de cette année.
C’est impressionnant comme avec des mots simples, des chapitres courts, elle a ce don de nous faire attacher à ses personnages.
L’humain dans toutes ses dérives, ses doutes, ses craintes, ses plaisirs, sa noirceur , sa détermination face aux cruautés sociales est au coeur de chaque ouvrage que j’ai pu découvrir.
Une fois embarquée chez Giebel, impossible de redescendre, pour ma part en tout cas. Je la recommande vivement pour le genre Thriller psychologique. Aucune déception pour le moment, à lire sans modération (en alternant quand même avec des lectures plus légères 😉 ❤).


Je viens de finir ma lecture..plutôt déçue.. perdu ce côté « page Turner » de la femme de ménage et sa suite, beaucoup moins de fluidité dans le récit. Finies les répliques cinglantes et propres à cet auteur que j’avais adoré dans la femme de ménage.
Peut être également une histoire de mauvaise traduction ?
Je ne me suis pas du tout attachée aux personnages, beaucoup de redondances. Une fin (tout ça pour ça ?) un peu capilotractee..
Bref , un côté très brouillon, qui manque de matière.. une belle déception pour ma part.

L’anneau de Moebius
Franck Thilliez
Je viens d’entrer pour la première fois dans l’univers de Thilliez avec « l’anneau de Mobeius » ..
Un gros coup de coeur qui m’a absorbé pendant 3 jours..
J’ai dévoré ce polar.
On se prend réellement d’empathie pour les deux personnages principaux qui sont d’un côté Stéphane qui travaille dans la création de moulages , de masques pour des films d’horreur et qui depuis tout jeune fait des rêves prémonitoires , de l’autre celle de Victor jeune policier fraîchement arrivé au coeur d’une enquête ..sordide .
Puis les deux protagonistes se rejoignent…
C’est violent, soigné, prenant dès les premières pages. Une intrigue très bien ficelée malgré un petit côté fantastique qui d’habitude n’est pas trop ma tasse de thé…J’en ai apprécié également le fait que ce roman soulève certaines questions que l’on pourrait se poser sur la maîtrise de notre destin ainsi que notre regard posé sur les différences..
Bref je recommande vivement ce premier Thilliez pour moi qui ne sera sans doute pas mon dernier !

Silhouette
Jean-Claude Mourlevat
De l’absurdité de nos choix, au besoin viscéral de demander pardon aux êtres que l’on a fait souffrir pour mieux supporter la fin de son existence, ce recueil comporte dix nouvelles, très bien écrites où l’on plonge dans le quotidien banal des personnages principaux que l’on pourrait croiser dans la vie de tous les jours.
Coup de coeur pour la 3 ème nouvelle qui m’a bien fait rire d’ailleurs.. elles sont parfois drôles (humour noir) parfois tristes mais on se prend au jeu avec une écriture très prenante, on arrive facilement à s’identifier à ses personnages.
La dixième et derrière nouvelle donne en fait une autre vision des neufs précédentes et constitue une chute à part entière.
Néanmoins, pour moi, ce qui a de bon dans une nouvelle… c’est la chute ! Et là mis à part 2 d’entre elles (j’ai adoré la chute de « case départ »! ) j’ai davantage eu l’impression de petites histoires inachevées. En lisant deux d’entre elles je me suis dit « oui, et alors ? »
Je reste sur ma faim malgré le plaisir que j’ai eu de lire Mourlevat dans ce genre que j’affectionne habituellement.
Ce recueil est souvent donné aux collégiens, eux qui ont besoin à mon avis qu’on les bouscule un peu de leur zone de confort dans la littérature pour attiser leur curiosité, le bilan que j’en tire est plutôt mitigé 😉

Quand nos souvenirs viendront danser
Virginie Grimaldi
Quand j’ai lu le résumé, n’étant pas du tout attirée par ce genre de lecture j’ai eu peur de m’ennuyer.. ça n’a pas été le cas, elle a plutôt attiré mon attention par son style.
L’écriture est très fluide, de très belles réparties, un brin d’humour mais surtout une oeuvre assez touchante .. on rit, on pleure face à ses indestructibles « Octogeniales » .
Néanmoins, même si je reconnais qu’il y a du bon voir très bon à prendre dans cet ouvrage, je suis assez mitigée .. ce groupe d’octogenaires m’a semblé être quelque peu caricatural, l’humour n’a pas tout le temps fait mouche avec moi en tout cas.
C’est peut être une lecture à prendre lorsque l’on ne mesure pas la chance que nous avons de vivre de belles choses et qui nous fait comprendre à quel point la vie est belle mais également tellement fragile..
Gros coup de coeur cependant pour les titres des oeuvres de Virginie Grimaldi, je suis persuadée que je peux trouver beaucoup plus prenant chez cette auteure que je découvre à peine 😉

Purgatoire des innocents
Karine Giebel
Il suffit de commencer quelques lignes pour entrer dans l’histoire, un style reconnaissable entre tous. le genre de lecture qu’il ne faut pas commencer un vendredi soir au risque d’y passer tout votre weekend..
C’est l’histoire d’un braquage qui tourne mal..puis d’une prise d’otages et…puis non en fait, je ne vais même pas le résumer j’aurais trop peur de spoiler , sachez juste que ceux qui aime les volte face vont être servis ! Ne vous fiez pas aux apparences…on va de surprises en surprises mais surtout, on plonge dans l’horreur absolue.
Il a une critique que je retrouve souvent pour ceux qui découvrent Giebel (hormis le côté trop sombre mais bon c’est un thriller en soit et j’y reviens.), c’est la redondance parfois dans l’écriture de ses livres, là j’avoue quelque fois je le reconnais elle se répète un peu mais ça n’enlève rien au fait qu’on est absorbé par l’histoire du début à la fin…et quelle fin !
On s’attache vraiment chez Giebel, aux personnages principaux qui laissent en nous une empreinte indélébile.
Ici, on parvient à se prend d’empathie pour les « méchants » braqueurs Raphaël et son frère Willy qui n’ont pourtant (presque ) aucun remords à avoir abattu des victimes collatérales lors du braquage dont ils sont à l’origine..et pour cause : on se prend à penser que ce n’est finalement pas grand chose en comparaison avec ce qui va suivre..
Ames sensibles s’abstenir, ce livre est vraiment d’une extrême violence., sordide, du sadisme pure….il est même plutôt dérangeant, mais je l’ai dévoré d’une traite.
Je me pose quand même la question de savoir ce qui nous fascine dans ce genre de lecture extrêmement sombre pour ne pas refermer le livre brutalement dès les premières notes insoutenables .. l’attrait du suspense bien sûr mais quand ça va aussi loin qu’est ce qui nous pousse à poursuivre et surtout à apprécier ? de la fascination morbide ?Peut être l’envie de sortir de notre zone de confort et de de tenter de comprendre les processus psychologique qui emmène le méchant à commettre de tels actes, une curiosité sur les opacités de l’humanité, si tant est qu’il y ait quelque chose à comprendre. .
Ici, l’insoutenable dépasse largement l’imagination.
Mais Giebel ne se contente pas de raconter brutalement les faits, elle travaille fort bien la psychologie de ses personnages et les relations complexes qui les lient les uns aux autres.
Lorsqu’on lit Giebel on sait pertinemment qu’il n’y a jamais de Happy end et pourtant on espère..on s’accroche irrémédiablement à cet instinct de survie, à l’espérance d’une issue..
J’aimerais cependant beaucoup lire Giebel dans un autre genre littéraire, je suis persuadée que j’accrocherai tout autant. Il paraît que son dernier ressemble davantage à un documentaire mais j’attends que le tome 2 sorte pour les découvrir.
« Purgatoire des innocents » reste tout de même une sacrée pépite une fois de plus.. un véritable Page Turner, un livre qui prend aux tripes.
Je recommande cette lecture encore une fois à celles et ceux qui ne sont pas sensibles à cette extrême violence.