Quand les maux sont bafoués aux mots de la critique


C’est dans les poches grises du banc de l’école
Que nous laissons les rêves de l’enfant que nous fume
S’endormir à jamais comme sèche une colle
Au soir d’un hiver à l’encre d’une plume.

C’est en ces prestes vers de pages trop muettes
Que se grave l’absence au ciel qui larmoie
Fardé de pourpre sang tel celui du Poète
Qui encore en son sein se mutile parfois.

Ils semblent cicatrices mais n’en sont pas moins tendres
Humble de leur douleur et des rages à vivre
Au ballet de l’absence est venu les attendre
Les maîtres initiés à la plume trop ivre.

Ils s’agitent à mes yeux en musique gracile
Et pleurent leurs tourments aux bras de la critique
Dont l’orgueil est donné par des mains malhabiles
Qui jugent que la faute bouleverse l’art cantique.

Le viol de ces mots me semblait pourtant mort
Aux juges d’une vie qui attisent la tendance
Le désert de couleur cri et perce encore
Nos veines entaillées dans le flot du silence.

La peine pourtant forte à l’oeil des mortels
Assourdie les présences et brûle le peu d’espoir
Qu’en cendre de l’oubli ils en piétinent l’ail
En vulgaires paroles à l’encre défouloir.

Nous concédons nos maux à cette Poésie
Dont l’outrage est un tort à panser sans un mot
Et l’adresse, un point à poser sur la vie.
D’un regard innocent qui se noie dans le beau.

A l’élite insensée qui encense le verbe
Pour tendre ainsi la gloire aux images faussées
En éclat de vouloir que nos plumes acerbes
Mélangent prestement aux songes avoués.

D’un soleil timide dévoilant le sang chaud
De ses rayons ardents qui se mettent à offrir
La douleur d’une page dont l’encre vient trop tôt
Et donne à ses peurs l’illusion de s’enfuir.

Sahel.


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