Si j’en avais le temps …


Si j’en avais le temps …

Si j’en avais le temps, je vous parlerai d’eux.
Qui jouent des ritournelles sur les quais de la gare.
Les joues vides d’absence et le teint malheureux
A ces filles de joie aux yeux bleutés de fard.

Si j’en avais le temps, je tracerai pour eux
Des vers qui font échos aux pantins de la honte
Qui massacrent la vie en jouant de ces lieux
Les silences de la nuit en fièvre se racontent.

On m’a dit que le bon faisait pleurer les roses
Dans les couloirs sombres aux lumières de l’état.
Si loin de nos principes en plaisir se reposent
En milles ritournelles que nous n’entendons pas.

Si j’en avais le temps, je maudirais tout ceux
Qui suspendent la vie à ces femmes perdues
Au nom d’une habitude que nul ne connait mieux
Que ces hommes de vergogne aux espoirs déchus.

On m’a appris à vivre sur des sables trop blancs.
En regardant souffrir ces fleurs qui se fanent
On m’a dit que l’ailleurs était souffle du vent
Que le chant des sirènes en douleur se pavanent

Si j’en avais le temps …

Si j’en avais le temps j’achèverai ces maux
Mais je crève de « si » en silence impossible
Comme ces vieilles bouteilles qui s’échappent des eaux
Pour surmonter le large en valses inaudibles.

Sahel.


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